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DiscoursPublié le 15 décembre 2025

HCR : Réunion sur les progrès du Forum mondial sur les réfugiés

Genève, 15.12.2025 — Discours du conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) lors de la réunion sur les progrès du Forum mondial sur les réfugiés à Genève – Seul le texte prononcé fait foi

Monsieur le Haut-Commissaire,

Mesdames et Messieurs les Co-Parrains,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous accueillir à Genève, berceau de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.

Cette convention a été adoptée il y a 75 ans dans un élan de confiance envers des règles et des principes universels. En 75 ans, l’état du monde est passé par des hauts et des bas. Après les espoirs de paix de la fin de la guerre froide, la communauté internationale plonge aujourd’hui dans l’incertitude.

Le monde s’éloigne des idéaux de paix, de liberté et de justice.

Fragmentation géopolitique, crises humanitaires prolongées, pression sur les ressources naturelles et économiques : les défis actuels sont à l’image de notre époque – imprévisibles, rapides et complexes. Les mouvements migratoires, qui mettent nos sociétés à l’épreuve, illustrent cette nouvelle réalité.

Nous faisons face à un paradoxe migratoire. Nos politiques reposent encore sur une distinction héritée du XXᵉ siècle : d’un côté la protection des réfugiés au sens de la Convention de 1951, et de l’autre la migration économique. Or, la réalité d’aujourd’hui est plus complexe.

La pression migratoire est largement alimentée par des facteurs économiques : inégalités, manque de perspectives, déséquilibres de développement. Les besoins humains dépassent désormais les cadres politiques existants.

Cette tension entre protection des réfugiés et migration économique met à rude épreuve les Etats. En particulier en Occident, nous peinons à conduire un débat lucide, responsable et serein sur les migrations.

Mesdames et Messieurs,

Ces tensions n’enlèvent rien à nos obligations envers les réfugiés. Le Pacte mondial pour les réfugiés de 2018 nous rappelle que la protection des réfugiés n’est pas une option morale : c’est une responsabilité internationale partagée.

Une responsabilité qui exige des États qu’ils agissent de façon coordonnée et durable.

Les pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés ne sont pas en Europe – même si la guerre en Ukraine nous a montré que nous ne sommes pas épargnés – mais dans les régions limitrophes des conflits en dehors de notre continent.

Renforcer leurs capacités, les soutenir, investir dans les solutions durables : voilà ce que signifie respecter l’esprit du Pacte mondial.

En reliant plus étroitement nos politiques migratoires au cadre du Pacte, nous pouvons garantir une politique d’asile cohérente, tout en développant des voies plus sûres et plus humaines pour les personnes en mouvement, quelles que soient les raisons de leur déplacement.

Mesdames et Messieurs,

Depuis l’adoption du Pacte mondial pour les réfugiés il y a 7 ans, plus de 3’400 engagements ont été pris par les États, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé pour endiguer la dégradation de la situation des réfugiés dans le monde.

Les progrès sont réels, notamment dans l’accès à l’emploi, à l’éducation et à l’inclusion économique. Mais ces progrès demeurent insuffisants et inégalement répartis. Les crises durent, les besoins augmentent, les financements baissent.

Nous devons parvenir à réduire la bureaucratie, à cibler les besoins vitaux, à renforcer le rôle des acteurs locaux et recentrer notre aide sur les personnes, non sur les structures.

A terme, nous devons viser l’autonomie économique des réfugiés. Leur indépendance renforce leur dignité et donne à l’aide la valeur d’un investissement.

Chers participantes et participants,

Cette réunion sur les progrès du Forum mondial sur les réfugiés a une ambition simple que la Suisse salue : passer des engagements aux résultats.

Elle nous permet d’évaluer les avancées réalisées, de relancer la mise en œuvre des promesses et d’identifier avec lucidité les domaines où nos efforts doivent être adaptés.

Dans un monde instable, face à une détresse humaine croissante et une baisse de moyens pour le multilatéralisme, la clarté et le pragmatisme devient la vraie responsabilité politique. Nous devons tracer une feuille de route claire, crédible et partagée, qui nous conduise résolument vers le Forum mondial sur les réfugiés de 2027.

En ce qui concerne la Suisse, nous continuerons à agir sur trois plans :

  • Dans les pays d’accueil et de retour : nous maintenons notre engagement annuel de 300 millions de CHF en faveur du Pacte Mondiale pour les réfugiés. Ces fonds sont destinés à l’aide humanitaire, à la reconstruction et à la coopération au développement.
  • En Suisse : notre approche intégrée associe les collectivités publiques et privées, ainsi que les réfugiés eux-mêmes dans l’accueil, le soutien, la réinstallation et la facilitation des voies d’admission humanitaires.
  • Enfin, c’est ici, dans la Genève internationale que s’élaborent et se défendent les règles humanitaires. Des règles qui protègent celles et ceux qui en ont besoin. En collaboration avec le HCR, le Conseil des droits de l’homme et le CICR, la Genève internationale est le pilier indispensable d’un multilatéralisme durable et efficace.

Consciente de cet atout stratégique unique, la Suisse investit 270 millions de francs sur les quatre prochaines années en tant qu’État hôte afin de renforcer, promouvoir et renouveler la Genève internationale.

Mesdames et Messieurs,

Je souhaite remercier tous nos partenaires – publics comme privés – qui travaillent sans relâche pour les personnes déplacées de force. La Suisse est heureuse de les accompagner et de renforcer leurs efforts sur le terrain.

Pour conclure, permettez-moi un message plus personnel au Haut-Commissaire Filippo Grandi : En Suisse, nous avons l’habitude de travailler en équipe, et j’ai l’impression Filippo que nous avons, toi et moi formé une très belle équipe.

Caro Filippo, grazie per la tua leadership ispiratrice, il tuo impegno instancabile e la nostra collaborazione sincera. Ci hai spinti a dare il massimo, insieme.

Accetta questa colomba dell'artista svizzero Hans Erni in segno della mia amicizia. Come incarnazione del tuo impegno umanitario. Mi piace pensare che l'arte sia un veicolo di speranza e di coscienza collettiva di fronte alla sofferenza umana.

Meilleurs vœux également au Haut-Commissaire proposé par le Secrétaire Général des Nations Unies Antonio Guterres : M. Barham Ahmed Salih, ancien président de la République d’Iraq : soyez assuré que la Suisse restera pleinement à vos côtés.

Je vous remercie et vous souhaite une bonne conférence.